Le textile d’Amiens rayonne à Versailles
Yves Benoît, président de Bleu de Cocagne, qui porte le projet de Conservatoire textile d’Amiens, fait partie des 33 Maîtres d’art invités à exposer jusqu’au 22 septembre à Versailles.
02.07.2024
Sous le soleil des savoir-faire, les Maîtres d’art à Versailles : tel est le nom de l’exposition qui valorise la démarche d’artisans d’exception organisée en partenariat avec l’Association des Maîtres d’art au cœur de l’espace Richaud, ancien hôpital royal qui leur sert d’écrin. « Pour moi qui ai présidé cette association durant sept ans, c’est un grand moment », apprécie Yves Benoît, aujourd’hui président de l’association amiénoise Bleu de Cocagne, venu présenter un rouleau gravé en creux sur le modèle de l’invention de l’Amiénois Bonvallet au XVIIIe siècle et une toile de Jouy qui en est issue.
La technologie au service du savoir-faire
« On rencontre ici les plus grands de ces métiers d’art. Et les amateurs qui se déplacent pour les voir dont des Japonais, reconnus pour leur capacité à préserver leurs arts avec des méthodes plus qu’ancestrales, précise Yves Benoît. Une telle exposition nous pousse à sans cesse nous dépasser, à réaliser des créations artistiques, mais aussi techniques. Car oui, associer la technologie parfois permet aussi de faire durer nos savoir-faire et d’attirer les plus jeunes ». Sa toile de Jouy fait partie des 100 œuvres présentées par 33 Maîtres d’art. Les matières et les techniques sont variées : couteaux de grande facture en acier damas, marqueterie de verre et de paille, pianoforte de voyage, parure florale, laque, vitrail, manteau en feutre inspiré d’un grand couturier, porcelaine émaillée, plumasserie flamboyante et autre broderie au boutis.
Patrimoine immatériel
« Je suis d’autant plus heureux de participer à cette dynamique de transmission avec les élèves des Maîtres d’art et notamment Germain Benoît, ennoblisseur veloutier, mon élève, mon fils venu présenter un velours de soie gaufré de la Manufacture royale Bonvallet. » Décerné par le ministère de la Culture, le titre de Maître d’art est attribué à vie, en reconnaissance de la maîtrise de savoir-faire rares. Les Maîtres d’art jouent un rôle essentiel dans la pérennisation d’un patrimoine immatériel, pour l’excellence duquel la France est reconnue dans le monde entier et cela, depuis Louis XIV. L’immatériel, c’est ici la finesse inouïe du motif, cette qualité supérieure offerte par l’impression au rouleau gravé qui a fait la réputation de la toile de Jouy et devrait faire l’avenir de Bleu de Cocagne.
15 000 heures de bénévolat
Depuis la création du titre de Maître d’art, il y a trente ans, 149 professionnels, acteurs de la création ou restaurateurs, ont été nommés Maître d’art et 105 métiers ont ainsi été mis à l’honneur. L’Amiénois Yves Benoît s’est également prêté au jeu des rencontres avec les visiteurs avides d’échanges avec un Maître d’art. Au plus près de sa création, ils ont pu mieux comprendre les gestes et les techniques autour de ce savoir-faire rare de l’impression sur étoffe remis en œuvre par l’association Bleu de Cocagne au bout de 15 000 heures de bénévolat. Du grand art !
Kaltoume Dourouri
Sous le soleil des savoir-faire, les Maitres d’art à Versailles
Jusqu’au 22 septembre