Les clips régionaux se jettent à l’eau
Les Palmes du clip honorent les productions régionales le 21 mars au Ciné St-Leu. Parmi elles : Le Bleu, morceau de l’Amiénoise Eleanor Shine clipé par Mickaël Titrent et partiellement tourné à la piscine du Nautilus.
12.03.2024
« Mais oui, il est magnifique notre clip ! » Quelques jours après la mise en ligne de Le Bleu le 19 février, sa coproductrice Julie Cottier (Shine ! Prod) est sur un nuage. Les vues s’accumulent, les retours élogieux aussi. Mieux encore : cet « objet artistique à part entière » a été autorisé à concourir aux Palmes du clip, soirée 100 % clips Hauts-de-France organisée par La Lune des pirates, l’Acap et le Ciné St-Leu pendant la Fête du court-métrage. Ce sera le 21 mars à 20h30 dans la salle d’art et d’essai amiénoise.
Le Bleu est le second clip tiré de l’EP Chemin Blanc d’Eleanor Shine. Le premier, confié à Floryane Sodano, est sorti en octobre, un mois avant l’EP. Déjà une belle réussite. Cette fois, Shine ! Prod a sollicité le photographe et réalisateur amiénois Mickaël Titrent. « Nous avions beaucoup aimé son travail avec Vadim Vernay, explique Julie Cottier. Jeanne (Jeanne-Antide Duquennoy, alias Eleanor Shine, ndlr) aime que les artistes s’inspirent de son univers et laissent libre cours à leur sensibilité, leur interprétation. »
Le tournage, accompagné par l’association amiénoise Bulldog, coproductrice, n’aura duré que deux jours (comme de nuit) en décembre. Une partie au Nautilus, à Amiens. L’autre à l’Asca, à Beauvais, dans un décor conçu par un autre Amiénois : Sylvain Barberot. Un décor comprenant des néons, des miroirs et un bassin peu profond dans lequel évoluait le danseur et chorégraphe Michaël Huret, l’une des seules personnes de l’équipe qui ne soit pas des Hauts-de-France. « Tout le monde s’est donné à fond, c’était incroyable », salue la productrice.
Quant au Nautilus, il a gracieusement ouvert sa fosse aux artistes de ce tournage soutenu par la Région et Pictanovo, qui depuis 2022 finance également les clips via son fonds Émergence. « Le président du club de plongée nous a même accompagnés toute la nuit », remercie Julie Cottier. Malgré l’espace restreint et la complexité de capter la lumière sous l’eau, les opérateurs-plongeurs, armés d’une caméra protégée d’un caisson étanche, ont obtenu des images bluffantes.
« Les disques ne se vendent quasiment plus que pendant les concerts, souligne Julie Cottier. Un clip est aujourd’hui un outil indispensable pour diffuser la musique, la faire connaître. » Mais comment s’y prendre, en faire une œuvre en soi ? « J’ai écouté, écouté, écouté, jusqu’à ce que des images me viennent et reviennent, répond Mickaël Titrent. Le sujet est assez dur. Les migrants, la traversée de la Méditerranée… Comment traduire la chanson en images ? Quelles métaphores pour en amplifier le sens ? »
Mickaël Titrent s’est donc tourné vers les néons, la danse, l’eau. Avec exigence : « Notre équipe d’artistes et techniciens était très pointue. On voulait la plus haute qualité possible, une patine professionnelle pour un budget avoisinant les 13 000 € ». Le film, tourné en 5,7K, ne devrait pas dépareiller sur l’écran du Ciné St-Leu. « J’ai hâte de voir ça », sourit le réalisateur qui prépare son prochain film, également soutenu par Pictanovo.
Ce nouveau court-métrage, « fiction sur la violence sociale, intime, politique », hommage au peintre Francis Bacon, sera tourné en juin avec une équipe quasi identique à celle du clip. Quant à ce dernier, il a été repêché en dernière minute pour les Palmes du clip. Celles-ci ne retenant que des films réalisés en 2023, sa sortie en février a failli le disqualifier. Et pourtant… le prix est une palme de plongée !
Jean-Christophe Fouquet
Palmes du clip
Le 21 mars, à 20h30, au Ciné St-Leu