Ludovic Rio et Olivier Frasier : deux dessinateurs amiénois dans l’actu BD
14.03.2023
D’un côté, Ludovic Rio (à droite) avec Les Murailles invisibles chez Dargaud. De l’autre Olivier Frasier avec le deuxième tome d’Alyson Ford chez Vents d’Ouest. Deux dessinateurs, deux univers.
Ludovic Rio franchit Les Murailles invisibles
Olivier Frasier suit les pas d’Alyson Ford
Il est entré dans le monde de la grosse édition en 2019 avec Aiôn (JDA #912), un ambitieux récit de SF réalisé en solo qui inaugurait la collection Visions du futur de Dargaud, orientée “auteurs”. Ludovic Rio, pas encore quadra, a rempilé. Mais accompagné, cette fois : « En tant que dessinateur, on est déjà très souvent seul. Alors si en plus on bosse seul… ».
L’ancien crayon de la défunte revue amiénoise en ligne Le Télescope – où il a fait ses armes et expérimenté – s’est donc tourné vers Alex Chauvel, un ami du temps des bancs d’Angoulême aujourd’hui berlinois (mais de la visio, c’est déjà de la compagnie) avec qui il avait fomenté des livres-objets via leur microédition Polystyrène.
Résultat : un nouveau récit SF qui se joue, comme Aiôn, du temps. Mais aussi (surtout ?) de l’espace, puisque les murailles invisibles du titre redécoupent le monde en diverses zones où le temps s’écoule différemment. « Avec un tel pitch, on a une belle cour de récré », sourit Ludovic Rio. Ce projet, en germe depuis plusieurs années, est arrivé dans les bacs le 24 février : « J’avais la boule au ventre comme un jour de rentrée scolaire ».
Du premier découpage (tout petit, quasi taille timbre-poste) à la colorisation par ordinateur en passant par le crayonné sur A3 puis l’encrage, il a fallu un an et demi à Ludovic Rio pour venir à bout des 92 pages des Murailles invisibles. « Oui, c’est long, la BD. » Actuellement à fond sur le tome 2 (d’autres pourraient suivre), attendu début 2024, Ludovic Rio va enchaîner les dédicaces dans les jours à venir : « Vincennes, Reims, Paris, Lyon, Toulouse, Narbonne, Bordeaux… ». Sans oublier Amiens : ce sera à Bulle en Stock le 18 mars de 14h30 à 18h30.
Les Murailles invisibles, Alex Chauvel et Ludovic Rio, Dargaud. 92 pages, 17 €.
Dans la pas si terrible jungle, où la nature est l’amie du bien, la jeune Alyson Ford (on ne fera pas l’affront d’expliquer la référence) et sa famille sont aux prises avec le vil Benedict. Animaux totems, pierres magiques, peuples opprimés, société secrète… Le monde d’Alyson Ford, esquissé dans un premier tome paru en janvier 2021 (JDA #966), prend de l’épaisseur avec cette deuxième livraison, en librairie depuis le 8 mars.
L’histoire repart immédiatement de là où elle s’était arrêtée, on ne conseillera donc pas aux nouveaux lecteurs de débuter par ce volume. « Le premier cycle est prévu en trois tomes, informe le dessinateur amiénois. Il se déroule en Amazonie mais l’idée est d’ensuite faire voyager le personnage à la rencontre des peuples, avec des diptyques. »
Les aventures d’Alyson Ford sont scénarisées par Joris Chamblain, le papa des Carnets de Cerise (Soleil) et d’Enola (Éditions de la Gouttière). « Je dessinais une petite rouquine, un personnage rebelle. Elle a tapé dans l’œil de Joris, qui a écrit du sur-mesure, en s’inspirant de choses qui nous ont bercés : les romans de Jules Verne, Indiana Jones... »
Olivier Frasier, 55 ans, est notamment passé par les cases publicité et jeux vidéo (« J’ai tâté de tout. »). Il se consacre aujourd’hui entièrement à la BD. Avec plusieurs éditeurs de la cour des grands à son palmarès depuis Le Passeur des étoiles (Dargaud) il y a vingt ans : Bamboo, Casterman et maintenant Glénat, donc, à qui appartient Vents d’Ouest. Les aventures d’Alyson Ford sont tirées à 22 000 exemplaires. Beau score.
Jean-Christophe Fouquet
Et si les murs invisibles en remplaçaient d’autres, ceux des réseaux sociaux ?
Alyson avant Alyson Ford