« Permettre l’accès aux musiques actuelles au prix le plus bas »
Acteur majeur du quartier nord depuis 1994, Cité Carter fête cette année trente ans de musiques actuelles, de concerts, de festivals, d’accompagnement artistique, de formations, de résidences… Rencontre avec Georges Santos de Oliveira, directeur de la structure nichée sous le Safran, rue Georges-Guynemer.
09.04.2024
Comment Cité Carter s’est-elle fait sa place dans le quartier nord ?
Dans les années 90, Amiens Métropole, le District du Grand Amiens à l’époque, avait repris le centre socioculturel Guynemer pour y installer le Safran. Les travaux ont permis de nous y loger en 1994. La collectivité nous a fait confiance sur ce que nous avions envie de produire avec l’important vivier d’artistes dont le flûtiste Jî Dru et la chanteuse Sandra Nkaké. On a pu développer notre projet associatif car les artistes sont là. Depuis nos débuts, nous sommes un lieu de fabrique, d’enregistrement et de diffusion musicale qui a évolué selon les besoins des artistes, des associations et de nos partenaires.
De quoi se compose aujourd’hui la structure ?
En 2023, nous avons ouvert Le Manège, notre studio d’enregistrement dédié aux pros et semi-pros. Travailler pour les gens est notre force. Permettre l’accès aux musiques actuelles au prix le plus bas, de l’apprentissage à la création a toujours été notre credo. Nous mettons du matériel à disposition, nous proposons trois pièces sonorisées, une salle de MAO (musique assistée par ordinateur, ndlr) et une autre de concerts pouvant accueillir 230 personnes. Une quarantaine de groupes peuvent répéter chez nous chaque année.
Cité Carter, ce sont aussi des festivals. Quels sont-ils ?
Pour marquer le coup de la reprise de Guynemer, nous avions créé un festival au cœur du quartier nord avec une programmation locale, un artiste plus connu en tête d’affiche ainsi que des ateliers de danse et de musique urbaines. Pendant une décennie, jusqu’au début des années 2000, le Rendez-vous au nord a été un gros événement. Nous avons aussi organisé le DayBlock Party de 2015 à 2020. Avec nos partenaires associatifs, nous avons aussi lancé la Witches Week, un festival pluridisciplinaire qui valorise la femme dans les métiers de l’art et de la technique notamment. Nous en proposerons la 6e édition en novembre.
Quelles créations avez-vous accompagnées ?
On peut citer l’album Joyeuse année 2015 du Magic Malik Orchestra, formation du flûtiste de jazz Magic Malik, ou encore l’accompagnement du clip My Heart de Sandra Nkaké, tourné dans nos locaux en mars dernier. On a travaillé avec Toma Sidibé, Mélissa Laveaux, Manoah, L’Arène Humaine, le BBCL… Fin 2023, on a aussi publié le livre-CD Vive la différence, un projet mené avec 160 enfants d’Amiens nord. On a par ailleurs sorti une dizaine de compilations qui ponctuent la vie de l’association et des artistes qu’elle soutient.
Quels partenariats avez-vous noués ?
Depuis nos débuts, La Lune des pirates (Lien sur http://www.lalune.net/) est l’un de nos partenaires privilégiés. Nous travaillons sur le projet Objectif Lune et nous y organisons depuis deux ans des formations son et lumière afin de découvrir les nouveaux outils, une salle de spectacle, l’envers du décor… Depuis 1994, nous travaillons à la mutualisation de nos moyens tout comme nous collaborons avec l’UPJV, le Crous, Mélodie en sous-sol, Musique en herbe… Mais aussi avec Amiens Métropole et son festival IC.ON.IC. On unit nos forces pour le développement des musiques actuelles. Le tissu artistique et culturel local est extrêmement riche, avec des spectacles de qualité. Les photographes Ludo Leleu et Seka nous épaulent. Être ici à Amiens est une chance et une vraie force.
Propos recueillis par Ingrid Lemaire
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