Récit d’une Ursuline en temps de guerre
Actuellement en souscription sur Ulule, le premier tome du Journal de guerre d’une Ursuline amiénoise 1914-1918 est le prochain ouvrage de l’Amiénois Louis Teyssedou, le très actif professeur de lettres et d’histoire du lycée Édouard-Gand.
11.03.2024
Pour Louis Teyssedou, professeur d’histoire passionné, dénicher des trésors est un Graal. Surtout lorsqu’il s’agit d’exhumer des pans du passé amiénois : ceux de la manufacture de velours Cosserat dont il a tiré un projet pédagogique pluridisciplinaire et l’ouvrage De Cosserat tu causeras (2021) , ceux des archives photographiques de Raoul Berthelé récupérés à Toulouse et réunies dans L’Autre Guerre, Les Visages de l’arrière-front (2022) ou encore ceux issus d’archives photographiques et documentaires retraçant l’évolution de la pratique sportive au sein de l’armée de 1914 à nos jours, présentés en février dernier dans l’exposition 14/24, Le Sport et ses Vertus.
Souscription sur Ulule
Hasard de l’actualité : alors que le Musée de Picardie a lancé une souscription pour acquérir la broderie des Ursulines réalisée au XVIIe siècle afin de parer l’autel de la chapelle du couvent amiénois des religieuses, les Ursulines d’Amiens sont une nouvelle fois sous les feux des projecteurs. Toujours en cours de souscription sur Ulule, Journal de guerre d’une Ursuline amiénoise 1914-1918, dévoilera aux Mondes d’hier, la nouvelle maison d’édition de l’association L’Écho de la bête, une autre facette de l’histoire d’Amiens. Celle vécue par l’une des 30 Ursulines amiénoises revenues à Amiens en août 1914 : « Chassées de la ville et réfugiées en Belgique en 1904, toutes pensaient ne jamais revoir la ville », souligne Louis Teyssedou.
Histoire en testament
C’est en rédigeant sa thèse sur la patrimonialisation des deux usines catholiques Cosserat que le quarantenaire a été amené à fouiller et faire des découvertes jusqu’à Beaugency (Loiret) en décembre 2021 où les archives des Ursulines sont conservées. « Chez Cosserat, des sœurs y travaillaient. J’étais persuadé que c’était des Ursulines. Or, elles n’y ont jamais mis les pieds. À Beaugency, je suis alors tombé sur quatre petits carnets rédigés par l’une d’elles, entre 1914 et 1918. L’Ursuline restée anonyme y raconte son expérience de la guerre à Amiens. Elles sont infirmières, soignent les soldats et font aussi preuve de rébellion, témoigne Louis Teyssedou. C’est un véritable testament pour l’avenir. Pour contrer la rumeur, elle y a relaté la vérité et son vécu, a recopié les communiqués officiels et des extraits d’articles de presse. » Journal de guerre d’une Ursuline amiénoise 1914-1918 rassemble ainsi les pages de ces carnets, témoignage fidèle et historique d’un monde en guerre et d’une ville troublée.
Photos d’époque
Une vingtaine de photos prises à l’époque par un journaliste anonyme de l’Agence ROL (agence parisienne de reportage photographique de 1904 à 1937), retrouvées par le passionné et conservées à la BnF, soulignent le récit de l’Ursuline et alimentent l’ouvrage. « Il y a des photos qui correspondent à ce qu’écrit la religieuse : l’arrivée des Allemands dans Amiens, celle des troupes noires à cheval, leur campement au parc de La Hotoie, des réfugiés belges, la gare où l’on espère retrouver ses proches, des soldats anglais qui débarquent par le boulevard d’Alsace-Lorraine… » Journal de guerre d’une Ursuline amiénoise 1914-1918 paraîtra fin avril et sera présenté lors d’une conférence organisée le 11 mai au Musée de Picardie. La suite ? Un deuxième tome qui reviendra sur les années 1915 et 1916 avec des témoignages d’importance sur l’épopée industrielle Cosserat. Et l’espoir pour l’Amiénois, de retrouver le nom de l’Ursuline : « Il y a une enquête à mener ». Et un autre chapitre à écrire.
Ingrid Lemaire
Souscription ouverte jusqu’au 18 mars sur Ulule