Acquisitions récentes
Jean-Baptiste André Gautier-d’Agoty
le 12/2020
Jean-Baptiste André Gautier-d’Agoty (1738 ?-1786)
Vue de la ville d’Amiens du coté de la fontaine d’amour
1778
Mine de plomb sur papier ; 33 x 48,5 cm
Les représentations d’Amiens au XVIIIe siècle sont rares. Récemment achetée en vente publique, cette feuille qui avait déjà été présentée au Musée de Picardie à l’occasion du VIIe centenaire de la cathédrale en 1920, comble ainsi un manque.
Saisie à proximité du lieu-dit la « fontaine d’amour », cette vue nous offre un panorama intra-muros de la ville d'Amiens. La fontaine en question, aujourd’hui disparue, se trouvait près du pont des Célestins et a donné son nom à une rue en 1849. Comme l’indique le toponyme, c’était un lieu de rendez-vous galant mais aussi de flânerie pour les Amiénois. La scène se déroule dans un paysage tout à fait reconnaissable : l'une des berges est bordée de maisons pittoresques et de saules taillés en têtard, caractéristiques de ce point du quartier Saint-Leu. Dominé par la haute toiture du couvent des Minimes, le paysage s’anime d’une silhouette à une fenêtre ainsi que d’une barque à cornet, l’embarcation traditionnelle des hortillonnages tout proches. Enfin, les lointains estompés mettent en valeur la cathédrale Notre-Dame, avec les églises voisines mais aussi le beffroi communal, dont le campanile sommé d’un dôme est bien reconnaissable.
Ce dessin rare est de la main du chevalier d'Agoty, auréolé en 1775 du titre de « peintre de la Reine et de Madame ».
Albert Maignan
le 07/2020
Albert Maignan (Beaumont-sur-Sarthe, 1845 – Saint-Prix, 1908)
Le Frère peintre
1886
Signé, situé et daté en b. à d. « Albert Maignan / – St Prix, août 86 – »
Huile sur toile
H. 65 cm ; L. 81 cm
Acquis grâce au soutien de l’Association des Amis des Musées d’Amiens lors de la vente Mirabaud-Mercier Commissaires-priseurs, Paris, 174 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, vendredi 12 juin 2020, 14h, lot n°70.
L’Association des Amis des Musées d’Amiens mérite une fois encore tous les remerciements pour son soutien sans faille dans l’enrichissement des collections amiénoises. Le 12 juin dernier, c’est un tableau d’Albert Maignan qui a rejoint grâce à elle le fonds légué par l’artiste au Musée de Picardie à sa mort en 1908.
Dans une salle caractérisée par une forte voûte sur croisée d’ogives, deux moines bénédictins s’affairent à des travaux artistiques. Celui du fond, protégé par un tablier et les manches retroussées, broie des couleurs qu’utilise celui du premier plan pour peindre une sculpture de saint Roch. À ses pieds sont posés brosses et pots de pigments nécessaires à la polychromie des différentes œuvres sur lesquelles il travaille. Cette scène de genre témoigne d’un double intérêt d’Albert Maignan pour l’église de Saint-Prix (Val-d’Oise) d’une part et pour le thème du travail du peintre d’autre part.
Depuis son mariage avec Louise Larivière en 1878, Maignan passe ses étés dans la villa familiale de Saint-Prix. Il y consacre l’essentiel de son temps au travail, mais s’accorde quelques loisirs passés en promenades et visites des environs du village. L’église l’attire tout particulièrement au point de lui inspirer son chef-d’œuvre les Voix du tocsin, présenté au Salon de 1888 et déposé au Musée de Picardie en 1892. Cette grande toile occupe ses pensées durant de longues années, entre 1882 et 1888. Le Frère peintre est une illustration plus immédiate de la place qu’occupe l’église de Saint-Prix dans l’esprit de Maignan dans ces années 1880. La salle où prend place l’action est directement inspirée de la sacristie de cet édifice tandis que les deux sculptures que le moine est en train de peindre sont des œuvres qui y sont réellement conservées, tout comme l’est le coffre supportant le saint Roch. Grand collectionneur, Maignan porte un intérêt à ces œuvres anciennes dont il s’entoure dans ses ateliers de Paris et de Saint-Prix et qu’il peint dans des compositions d’histoire, des scènes de genre historiques ou des portraits.
Le Frère peintre s’inscrit également dans une série d’œuvres rythmant la carrière de Maignan consacrées au travail de l’artiste et à son inspiration. Le Sommeil de Fra Angelico, peint en 1882, est la première occurrence de ce thème. Le Frère peintre en est la seconde, plus concrète. En 1892, La Mort de Carpeaux renoue enfin avec une vision allégorique du travail artistique.
Enfin, le Musée de Picardie conserve deux pièces se rapportant directement au Frère peintre, un dessin pour le moine peignant et une gravure du tableau.
Joseph-Désiré Court
La réapparition en vente publique de ce tableau – en réalité une esquisse – témoigne de la commande passée, en 1855, à l’artiste par la Commission du Musée Napoléon du grand tableau, dit « de Saint-Cloud », qui immortalise l’audience impériale du 25 juin 1854, accordée aux membres de la Société des Antiquaires de Picardie pour soumettre à l’approbation de l’empereur le projet du Musée Napoléon qu’il avait pris sous sa protection.
Esquisse et tableau final sont très proches : entouré de la délégation picarde et des personnalités invitées des Maisons de l’Empereur et de l’Impératrice, le comte de Beaumont, sénateur de la Somme, invite les souverains à considérer les plans que l’architecte Henri Parent et le président de la Commission Charles Dufour prennent soin de leur dérouler. Cette acquisition a offert une belle opportunité d’enrichir les collections du Musée de Picardie d’un document majeur ayant trait à l’histoire de la Ville d’Amiens et de la Picardie sous le Second Empire.
JACQUES-FIRMIN VIMEUX
Le Musée de Picardie a acquis dernièrement une maquette en cire pour une chaire à prêcher commandée pour l’église Saint-Michel d’Amiens, qui se trouvait au chevet de la cathédrale. Pratique courante au XVIIIe siècle, la réalisation de maquettes en cire permettait aux commanditaires d’entériner les propositions des sculpteurs de mobilier. Par la grande fragilité de leurs matériaux, elles sont devenues aujourd’hui très rares.
Le modèle acquis grâce aux Amis des Musées d’Amiens est d’autant plus intéressant que la chaire à prêcher qu’il préfigure a aujourd’hui disparu. Vendue à la Révolution, elle se trouvait dans la collégiale Saint-Pierre d’Aire-sur-la-Lys en 1918, où elle fut détruite lors d’un bombardement.
Cette acquisition permet enfin d’étoffer le corpus du sculpteur amiénois Vimeux, dont un petit bénitier d’applique avait déjà été offert au musée de Picardie par l’Association des Amis des Musées en 2015.
ARBRE PORTANT FRUIT D’ÉTERNELLE VIE
Le musée de Picardie a acquis au mois d’octobre 2017 un fragment du Puy d’Amiens de 1499. Un plus grand fragment de cette œuvre démembrée fait partie des collections du musée depuis 1838. L’apparition et l’identification de ce second fragment est donc une chance unique de réunir ces deux éléments séparés depuis près de deux cents ans.
Cette acquisition a été possible grâce au soutien de l’Association des Amis des Musées d’Amiens qui l’a financée en totalité.
Anne-Marie Roux-Colas (1898-1993), "Poilu gisant", 1927
Les collections de sculpture du Musée de Picardie se sont enrichies d’une nouvelle œuvre offerte par l’Association des Amis des Musées d’Amiens. Il s’agit d’une maquette en plâtre patiné pour un "Poilu gisant" d’Anne-Marie Roux-Colas (1898-1993), daté de 1927, 62,5 x 17,5 x 21 cm. On trouve des œuvres de cette artiste dans la basilique d’Albert et dans l’église de Coullemelle dans notre région. Cette sculpture est le modèle d’une œuvre de grandes dimensions destinée à la chapelle de l’école Saint-Martin d’Amiens. Anne-Marie Roux-Colas y traite l’hommage dû aux combattants de la Première Guerre mondiale à travers un thème traditionnel de la sculpture funéraire, celui du gisant.
Auguste MATHIEU, "Souvenir de Picardie", 1845
La grande réactivité des Amis des Musées d’Amiens a permis d’acquérir le 23 novembre 2019 un « Souvenir de Picardie » d’Auguste Mathieu datant de 1845. Ce tableau s’avère très intéressant du point de vue de l’enrichissement des collections des musées d’Amiens car il s’agit d’une précieuse représentation d’un monument médiéval majeur du département de la Somme aujourd’hui disparu : la collégiale Notre-Dame-de-l’Assomption de Nesle.
Relief sculpté
Une pièce exceptionnelle intègre les collections médiévales cette année, en 2019 : un relief sculpté représentant une « Descente de croix » qui est très probablement un fragment du jubé de la cathédrale d’Amiens. Chef-d’oeuvre de la sculpture des années 1300 en Picardie, ce monument fut détruit en 1755 par le chapitre. Le musée conserve un ensemble de fragments lentement constitué qui, espérons-le, continuera à s’enrichir !