Notice
Alvise Vivarini , "Sainte Conversation"
Alvise Vivarini (Venise, vers 1442/1453 - id., vers 1503/1505)
Sainte Conversation : la Vierge et l’Enfant avec saint Jérôme, sainte Marie Madeleine, saint Pierre et saint Augustin
1500
Huile sur bois
Signée et datée en bas à droite : ALOVISIUS VIVARINUS
/ DE MURANO PINXIT. / VENETIIS. 1.5.00
H. 144 cm ; l. 99 cm
Inv. M.P.P.173
Legs d’Adélaïde Sidonie du Castelet, 1869
L'oeuvre représente une Sainte Conversation sur fond de paysage. Au centre, la Vierge, mains jointes, regarde Jésus assis devant elle. L’Enfant saisit, dans un geste peu habituel, les deux clés que tient saint Pierre accoudé à ses côtés et regarde vers saint Augustin debout à droite, à qui il semble désigner un livre ouvert placé devant lui. Au premier plan, à gauche, saint Jérôme est assis et absorbé par la lecture d’un ouvrage ; à droite, sainte Marie Madeleine ouvre un pot à onguents en regardant l’Enfant. Ce sujet iconographique fait cohabiter au sein d’une même composition des personnages saints ayant vécu à des époques très diverses, illustrant leur proximité avec le Dieu incarné.
Ce panneau est signé et daté sur un morceau de parchemin plié peint dans l’angle inférieur droit de la composition. On y lit qu’elle est de la main d’« Alovisius Vivarinus de Murano », peintre vénitien de la seconde moitié du XVe siècle. Issu d’une famille d’artistes, il est formé par son père Antonio et son oncle Bartolomeo. Son oeuvre indique une influence du principal peintre vénitien de cette époque, Giovanni Bellini, mais également un vif intérêt pour les nouveautés des autres foyers artistiques, tout particulièrement celui de Padoue. Le panneau d’Amiens, daté de 1500, se situe à la fin de la carrière et de la vie de l’artiste.
Si le thème de la Sacra Conversazione est très apprécié par les peintres italiens de la fin du XVe siècle et donc très couramment interprété, son traitement par Alvise Vivarini est original. En effet, la Vierge et l’Enfant sont habituellement représentés en majesté, trônant sous un dais monumental ; des saints personnages entourent le groupe central dans un espace unifié. Ici, l’environnement architectural structurant la composition a disparu pour laisser place à un paysage donnant de la profondeur à l’oeuvre ; de plus, la Vierge, si elle domine malgré tout la scène, n’est pas isolée des autres personnages, formant avec eux une mandorle autour de l’Enfant Jésus.
F.S.