Votre navigateur est obsolète!

Mettez à jour votre navigateur pour afficher correctement ce site Web. Mettre à jour maintenant

×

Chapiteau d’Adam et Ève © © Jean-Louis Boutillier / Musée de Picardie

Chapiteau d’Adam et Ève

Chapiteau d’Adam et Ève © © Jean-Louis Boutillier / Musée de Picardie

Chapiteau d’Adam et Ève

Troisième quart du XIIe siècle

Picardie
Calcaire sculpté
Provenance : abbaye Saint-Pierre de Corbie (Somme)
(cloître ?)
H. 33 cm ; l. 49 cm ; P. 33 cm
Inv. M.P.1875.109
Don de M. Dupré à la Société
des Antiquaires de Picardie, 1839

 

De l’ancienne abbaye de Corbie ne subsistent que quelques vestiges depuis les destructions révolutionnaires des années 1790. Ce chapiteau orné de scènes de la Genèse provient selon toute vraisemblance du cloître édifié peu après l’incendie de 1152-1153 qui avait endommagé l’édifice plus ancien. Il coiffait deux colonnettes jumelles, comme en attestent les deux astragales sur lesquelles repose une corbeille unique. Cette structure permet au sculpteur de disposer de deux grands et de deux petits côtés pour déployer la scène qu’il représente.

Bien que mutilé, on peut y identifier plusieurs épisodes de la création et de la chute de l’homme qui se lisent de droite à gauche : Dieu, coiffé d’un nimbe portant la croix, bénit Adam après sa création ; Ève, dont on ne perçoit plus que la silhouette, sort du côté d’Adam endormi ; Dieu, prenant Adam par la main pour mener le couple dans le jardin d’Éden, montre l’arbre de la connaissance du bien et du mal dont ils ne devront pas manger les fruits ; un serpent à tête de dragon, le tentateur, propose un fruit à Ève qui le tend à Adam ; Adam, mangeant ce fruit, est attrapé par le bras par un chérubin tenant une épée et s’apprêtant à chasser le couple pécheur hors du paradis terrestre.

Le sculpteur a tiré le meilleur parti de son support en liant les scènes les unes aux autres. Ainsi, Adam se fait saisir le bras alors qu’il est encore en train de porter à sa bouche le fruit que lui tend Ève. L’origine, le déroulement et la conséquence de l’action sont condensés en un groupe sculpté se déployant autour du chapiteau.

Le style de cette oeuvre permet de la dater du troisième quart du XIIe siècle. La représentation très stylisée des personnages aux larges mains, aux grands yeux en amande et aux visages très lisses ancre cette oeuvre dans l’art roman, tandis que le décor géométrique de chevrons et de perles indique une attention pour les innovations de la première sculpture gothique de l’Île-de-France. Des liens étroits avec l’enluminure contemporaine du scriptorium de l’abbaye sont également perceptibles.

F.S.