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Plaque de reliure  en ivoire de st Rémi © Jean Louis Boutillier / Musée de Picardie

Plaque de reliure de saint Remi

Plaque de reliure  en ivoire de st Rémi © Jean Louis Boutillier / Musée de Picardie

Plaque de reliure de saint Remi

 

Vers 880

Reims
Ivoire d’éléphant, incrustation de bronze doré
H. 18,5 cm ; l. 12,2 cm ; P. 2 cm
Inv. M.P.1875.61
Legs du docteur Rigollot, président de la Société des Antiquaires de Picardie, 1849

 

Cette plaque d’ivoire destinée à orner la reliure d’un manuscrit est divisée en trois registres représentant chacun un miracle de l’évêque de Reims, saint Remi. Au premier registre, le saint ressuscite une jeune fille de Toulouse que ses parents avaient menée à lui dans la basilique Saint-Jean, représentée ici par quatre colonnes ; en-dessous, Remi obtient de Dieu, dont on voit la main sortir de la nuée, qu’Il remplisse miraculeusement deux flacons de saint chrême, nécessaire à administrer le baptême à un mourant allongé sur son lit à droite de la scène ; enfin, le prélat est représenté en train d’accomplir son miracle le plus célèbre, celui de la sainte Ampoule : alors qu’il baptise le roi des Francs Clovis, ici figuré à mi-corps dans une cuve baptismale, une colombe apporte à Remi l’ampoule contenant le chrême nécessaire à l’onction du souverain, tandis que la reine, Clotilde, couronnée, se tient derrière lui. Ces trois épisodes mettent en lumière l’importance du sacrement du baptême comme nouvelle naissance à la vie chrétienne, et le rôle du saint comme intercesseur entre Dieu et son peuple.

Par son style, cet ivoire se rattache à la production des ateliers carolingiens du règne de Charles le Chauve. Son iconographie hagiographique, très rare sur un tel support à cette époque, permet de situer sa création à Reims, où siégeait alors l’archevêque et proche conseiller du souverain, Hincmar. Il fut l’auteur de la Vie de saint Remi rédigée vers 876-878, insistant sur les miracles de son lointain prédécesseur et introduisant notamment l’épisode de la sainte Ampoule. L’ivoire d’Amiens conserve la plus ancienne représentation de ce miracle, particulièrement riche de sens dans ce contexte – Hincmar sacra lui-même Louis II, fils de Charles le Chauve, en 877 à Compiègne –, affirmant la nature divine de la monarchie et le rôle prééminent de l’archevêque de Reims aux côtés du souverain. Il n’est donc pas impossible que cette plaque ait orné le manuscrit même de Hincmar.

F.S.