Notice
Sainte Barbe, vers 1510-1520
Sainte Barbe
Vers 1510-1520
Souabe (Allemagne), atelier de Daniel Mauch
Bois (tilleul ?) polychromé
H. 120 cm ; l. 47 cm ; P. 7 cm
Inv. M.P.3057.214
Legs d’Albert Maignan, 1908
Acquise par le peintre et collectionneur Albert Maignan à la fin du XIXe siècle, cette statue est un élément de retable allemand du début du XVIe siècle. Elle en ornait le volet droit sur lequel elle était appliquée, ce qui explique la faible épaisseur de la sculpture. Le retable a pu être reconstitué par des rapprochements stylistiques, des comparaisons de dimensions et de mise en oeuvre ; il comprenait une sainte Anne trinitaire sur le volet gauche (conservée au musée Grobet-Labadié de Marseille), une Vierge à l’Enfant au centre (conservée au château-musée de Langeais) entourée de deux saints évêques (conservés au Metropolitan Museum of Art de New York).
Par sa posture légèrement hanchée, la grâce de ses mouvements, son regard doux mais un peu triste et la richesse des drapés de son vêtement, cette oeuvre est caractéristique de l’art souabe de la fin du Moyen Âge. L’oeuvre d’Amiens se rattache par son style à l’atelier de Daniel Mauch (1477-1540). Elle en présente aussi la polychromie très riche jouant sur l’éclat de l’or de la chevelure et du manteau, au revers d’un bleu profond, et sur le fort contraste d’un teint très pâle, laissant apparaître des veines bleutées, sur lequel ressortent ces joues et cette bouche très rouges. De cet ensemble émane une grâce mélancolique typique de la sculpture allemande du début du XVIe siècle.
Le personnage de sainte Barbe était particulièrement vénéré en Allemagne à la fin du Moyen Âge, protégeant notamment les agonisants. Habituellement représentée avec une tour à ses côtés – son père, furieux de la voir embrasser la foi chrétienne, l’avait enfermée dans une tour –, elle porte ici un calice dans ses mains. Dans la sphère germanique, cet attribut identifie sainte Barbe, alors qu’en Europe de l’Ouest et du Nord, le calice est plus souvent associé à la personnification de la foi. Cela explique que la sculpture d’Amiens était présentée comme telle avant d’être correctement identifiée.
F.S.