Notice
Retable composé de neuf panneaux
Retable composé de neuf panneaux
Vers 1508-1509
Stefano Sparano (documenté à Naples et dans sa région entre 1506 et 1544-1545)
Tempera et fond d’or sur bois de peuplier
Avec cadre : H. 350 cm ; l. 217 cm ; P. 13 cm
Inv. M.P.P.572 a à i
Don de Jules Boquet, 1911
Acquis lors de la vente après décès de l’antiquaire amiénois Louis Lefebvre, 6-9 mars 1911
Ce retable se compose de trois registres superposés, eux-mêmes constitués de trois panneaux. Au registre principal, on reconnaît la Vierge assise sur un trône, tenant l’Enfant Jésus bénissant ; à gauche, saint Pierre tient les clefs du royaume des cieux, et à droite, saint Paul porte l’épée avec laquelle il fut décapité. Le registre supérieur est orné au centre d’une déploration sur le Christ mort, encadrée par une Annonciation. Enfin, sur la prédelle, un groupe d’apôtres entoure un tableau dans le tableau, sur lequel est représenté le Christ ressuscité tenant la croix ; il s’agit de la porte du tabernacle. Aux extrémités du registre inférieur, on reconnaît saint François et saint Antoine de Padoue, deux saints franciscains dont la présence laisse supposer que ce retable fut commandé pour une église de cet ordre.
L’iconographie de l’oeuvre est étroitement liée à sa fonction. Posé sur un autel, ce retable illustre les dogmes de l’incarnation, du sacrifice salvateur et de la résurrection du Christ, réellement présent dans l’eucharistie lors de la célébration de chaque messe.
Acquis comme une oeuvre anonyme de l’école flamande, ce retable a été rendu au peintre napolitain Stefano Sparano qui fut actif dans la première moitié du XVIe siècle dans le royaume de Naples, où certaines de ses œuvres sont encore conservées. Malgré quelques détails ornementaux caractéristiques de la Renaissance (le trône de la Vierge ou les éléments d’architecture de l’Annonciation), le style et la composition de cette oeuvre sont quelque peu archaïques au début du XVIe siècle. Sparano s’ancre dans la tradition du XVe siècle par l’usage du fond d’or, en particulier à une date où Raphaël peint ses chefs-d’oeuvre. Cependant, la grâce péruginesque de la Vierge à l’Enfant démontre que l’artiste avait étudié la peinture du centre de l’Italie très en vogue chez les commanditaires
du Sud au début du XVIe siècle.
On ignore tout de l’histoire ancienne de cette oeuvre ; on ne sait ni pour quelle église elle fut peinte, ni quand et dans quelles circonstances elle quitta l’Italie.
François Seguin.