Notice

Jules Lefebvre (Tournan-en-Brie, 1834 - Paris, 1912)

Portrait de Maurice, fils de l’artiste

Septembre 1888

Huile sur toile

H. 131 cm ; l. 90 cm

Inv. M.P.P.3198-1181

Don de Jeanne de Saint-Mandé, fille de l’artiste, 1934

Avant de triompher dans la peinture d’histoire, Jules Lefebvre avait débuté au Salon dès 1855 avec des portraits, genre dans lequel il excella et immortalisa les membres de sa nombreuse famille. De Jean Paul Maurice (1885-1911), troisième et dernier fils d’une fratrie de sept enfants, il a laissé une image atypique dans sa production. La pose amusante du petit modèle, désinvolte et très étudiée à la fois, traduit l’évidente tendresse qui le liait au peintre. En dépit de la sobriété de son costume, le garçonnet exprime la vivacité de son caractère tant par ce contrapposto ironique que par le regard soutenu – presque insolent – qu’il adresse à chaque spectateur. Le teint basané et les traits de Maurice ne sont d’ailleurs pas sans rappeler le visage de sa mère, Louise Deslignières, la tempétueuse épouse de Jules Lefebvre « au masque de gitane ».

Preuve s’il en est de l’influence sur les peintres de la photographie alors en plein essor, Jules Lefebvre place ici son sujet, aux contours précis, en pied et de manière frontale, à l’avant d’un paysage de mer dont le traitement sommaire et flou rappelle les toiles de fond utilisées par les photographes. S’il est probable que l’oeuvre ait été réalisée en atelier, peut-être d’après photographie, elle est néanmoins la preuve que l’artiste n’était pas totalement étranger à la mode des figures en plein air, soutenue à ce moment-là par le développement des loisirs et bains de mer. Près de la signature, le lieu représenté est du reste mentionné : la plage de Tourgéville (Calvados), commune limitrophe de Deauville où Maurice était né le 10 août 1885 lors d’une villégiature de ses parents.

Adulte, il devint un sculpteur de talent. Une réplique du buste qu’il réalisa de Jules Lefebvre en 1909 orne toujours leur sépulture commune au cimetière Montmartre à Paris. En effet, c’est tout juste auréolé d’une mention honorable au Salon de 1911 que le jeune artiste tomba malade et mourut subitement à l’âge de vingt-cinq ans, précédant d’un an son père agonisant dans ce tombeau auquel il avait travaillé pendant plusieurs mois.

J.-L.L.