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Adrian van Utrecht nature morte © Marc Jeanneteau - Musée de Picardie

Adriaen van Utrecht, "Nature morte avec Marthe s’affairant dans une cuisine et le Christ parlant à Marie"

Adrian van Utrecht nature morte © Marc Jeanneteau - Musée de Picardie

Adriaen van Utrecht (Anvers, 1599 - id., 1653) et attribué à Simon de Vos (Anvers, 1603 - id., 1676)

Nature morte avec Marthe s’affairant dans une cuisine et le Christ parlant à Marie

Vers 1650

Huile sur toile
H. 173,5 cm ; l. 209,5 cm
Inv. M.P.Lav.1894-115
Don des frères Lavalard, 1890

 

La visite du Christ chez Marthe et Marie est tirée de l’Évangile selon saint Luc : dans le village de Béthanie, près de Jérusalem, le Christ est reçu chez Marthe, Marie et leur frère Lazare. Tandis que Marthe, en maîtresse de maison accueillante, s’active pour lui préparer un bon repas, Marie s’assoit pour écouter Jésus et ne fait rien pour aider sa sœur. Marthe se fâche soudain en interpellant directement Jésus : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc de m’aider. » Ce à quoi Jésus lui répond : « Marthe, tu te soucies et tu te donnes du mal mais c’est Marie qui a trouvé la meilleure chose à faire : m’écouter. »
C’est avec richesse et virtuosité que l’Anversois van Utrecht illustre cet épisode. Influencé par Frans Snyders, il est considéré avec son maître comme l’un des inventeurs du genre des pronkstillevens, ces natures mortes particulièrement abondantes mettant en scène une grande diversité d’objets, de fruits, de fleurs et de gibier, souvent avec des êtres vivants et des animaux. Il n’est alors pas rare que deux artistes travaillent sur un même tableau, l’un sur le paysage ou la nature morte, l’autre sur les figures humaines, et Utrecht est connu pour avoir réalisé les éléments de nature morte de tableaux de David Teniers le Jeune, Jacob Jordaens ou encore Erasmus Quellinus II. Il semble s’être ici associé à un autre peintre anversois, Simon de Vos, qui n’était autre que l’époux de sa sœur. La profusion des victuailles est compensée par le choix de coloris sourds, caractéristique de la manière de van Utrecht : contrairement à Snyders, celui-ci use le plus souvent de tons de terre chauds et crée de forts effets de clair-obscur. Il avait en effet découvert le style baroque et l’esthétique caravagesque lors d’un voyage de jeunesse qui l’avait conduit en France, en Allemagne et en Italie. Si l’abondance permet au peintre de faire montre de sa virtuosité, elle est rarement gratuite et revêt souvent une portée symbolique ; elle sert ici le récit biblique, en illustrant au premier plan en quoi les travaux domestiques accaparent Marthe. L.D.