Notice
Frans Hals, "Portrait du pasteur Herman Langelius"
Frans Hals (Anvers, vers 1581 - Haarlem, 1666)
Portrait du pasteur Herman Langelius
Vers 1660
Huile sur toile
H. 76 cm ; l. 63,5 cm
Inv. M.P.Lav.1894-95
Don des frères Lavalard, 1890
Le Portrait du pasteur Herman Langelius appartient à la toute dernière partie de la longue carrière de Frans Hals, l’un des plus grands portraitistes hollandais de son temps.
C’est la vivacité et l’expressivité de ses visages qui distinguent plus particulièrement son oeuvre de celle de ses contemporains. Peints en quelques coups de pinceau marqués et fluides, ses portraits livrent une image intime et vivante de ses modèles ; avec une rare intuition et une liberté nouvelle, Hals parvient à saisir une expression, un instant de la vie de ses sujets.
On lui doit ainsi de brillants portraits de groupe, de nombreuses figures populaires enjouées et quantité de portraits individuels des riches bourgeois de son temps. À la fin de sa carrière, le peintre choisissait plus volontiers ses modèles dans les milieux intellectuels et ecclésiastiques. Sans perdre la légèreté et la rapidité de sa touche, son style évolue alors vers davantage de sobriété, sur le plan chromatique comme stylistique, jusqu’à devenir presque austère.
Cette sévérité convenait parfaitement à la figure de Herman Langelius (1614-1666), célèbre prédicateur protestant qui faisait alors autorité à Amsterdam. Engagé dans une lutte inlassable contre l’athéisme, ce personnage incarnait la rigueur morale, dans des Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) considérées au XVIIe siècle comme particulièrement tolérantes envers toutes formes de religion. L’économie des moyens adoptés par l’artiste fut ici mise au service d’un portrait éminemment psychologique : vêtu d’un habit sombre rehaussé d’un rigide col blanc, la main serrant un livre et l’index retenant les pages, le pasteur se tient avec une raideur qui reflète son caractère implacable. Connu pour user de sa Bible comme d’une arme, il s’illustra dans plusieurs combats marquants ; parmi les épisodes qui lui sont attachés, sa lutte sans répit pour faire condamner et empêcher la représentation du Lucifer de Joost Van den Vondel, dramaturge influent, volontiers satirique et ardent défenseur de la liberté de culte, est sans doute le plus fameux. Si cette toile, tout comme la dernière manière de Frans Hals, ne fit pas l’unanimité en son temps, sa gravure par Abraham Blootering témoignait pourtant de sa grande popularité.
L.D.