Notice
Jusepe de Ribera, "Le miracle de saint Donat d'Arezzo"
Jusepe de Ribera (Játiva, 1591 - Naples, 1652)
Le miracle de saint Donat d'Arezzo
1652
Huile sur toile
H. 191 cm ; l. 155 cm
S.D.A.b.d.
Inv. M.P.Lav.1894-242
Don des frères Lavalard, 1890
En 1890, la donation des frères Lavalard signait l’entrée de quatre tableaux de Ribera dans les collections du Musée de Picardie : Platon, Saint Jean, Saint François d’Assise et Saint Grégoire le Grand. Près d’un siècle plus tard et après différentes études, trois d’entre eux sont toujours considérés comme étant de la main du maître, tandis que le Saint François de Paule (ex-Saint François d’Assise) est désormais rendu à son atelier. Si le caractère autographe de notre tableau n’a jamais été mis en doute par les spécialistes du peintre, tous convaincus de son caractère insigne, il a fallu attendre 1963 pour que son véritable sujet soit identifié. Présenté de manière erronée comme une messe du pape Grégoire le Grand, la toile figure en réalité le miracle accompli par saint Donat d’Arezzo, dont le récit est donné par Jacques de Voragine dans La Légende dorée et surtout par l’Espagnol Ribadeneyra, auteur d’un ouvrage de dévotion quotidienne, La Fleur des saints, plus à même d’être connu de Ribera.
Lors d’une messe célébrée par saint Donat, évêque d’Arezzo, celui-ci, bousculé par les païens, laisse tomber le calice qui se brise. Après avoir ramassé les morceaux et récité une prière, le saint reconstitue miraculeusement le verre brisé, suscitant alors la conversion des incroyants.
Dans cette composition, l’une de ses dernières, Ribera figure le moment de stupeur qui suit la chute du calice, tandis que l’un des assistants du saint, agenouillé, tente de rassembler les morceaux de verre dans un tissu et que le plus âgé semble prendre à témoin le spectateur. La restauration récente, réalisée par Cinzia Pasquali dans le cadre d’un mécénat de compétences, a permis de rendre à cette oeuvre tardive, considérée comme l’un des chefs-d’oeuvre du peintre napolitain, l’intensité chromatique et le traitement raffiné des détails des différentes étoffes, notamment des habits liturgiques que souligne une utilisation subtile de la lumière et de la pénombre, héritée du caravagisme.
Doté d’une provenance remarquable, notre tableau appartenait au roi d’Espagne Charles IV à la fin du XVIIIe siècle, avant, semble-t-il, d’être emmené en France à la faveur des campagnes napoléoniennes.
C.R.