Votre navigateur est obsolète!

Mettez à jour votre navigateur pour afficher correctement ce site Web. Mettre à jour maintenant

×

Jean-Baptiste Siméon Chardin, Nature morte avec deux lapins, une gibecière et une poire à poudre, vers 1755 © Marc Jeanneteau-Musée de Picardie

Jean-Baptiste Siméon Chardin, "Nature morte avec deux lapins, une gibecière et une poire à poudre"

Jean-Baptiste Siméon Chardin, Nature morte avec deux lapins, une gibecière et une poire à poudre, vers 1755 © Marc Jeanneteau-Musée de Picardie

 

Jean-Baptiste Siméon Chardin (Paris, 1699 - id., 1779)

Nature morte avec deux lapins, une gibecière et une poire à poudre

Vers 1755

Huile sur toile

H. 49,7 cm ; l. 56,5 cm ; agrandissements de 1,8 cm en haut et en bas et de 2,2 cm à droite

Inv. M.P.Lav.1894-138

Don des frères Lavalard, 1890

 

Deux lapins de garenne, tués de frais, gisent sur une table ; une gibecière et une poire à poudre sont posées à leurs côtés. Quand Jean-Baptiste Siméon Chardin réalise ce travail, il est déjà célèbre. Agréé et reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1728, il en devient le trésorier en 1755, date approximative du tableau. La même année, il préside l’accrochage du Salon du Louvre qui réunissait, tous les deux ans, les œuvres des meilleurs artistes du temps. 

Cette toile signe pourtant son retour à la nature morte qu’il avait abandonnée depuis une vingtaine d’années pour se tourner vers la scène de genre qu’il délaisse ensuite à partir de 1748. Ses natures mortes de la maturité diffèrent de celles des années 1720, en ce que Chardin se préoccupe moins de l’anecdote, du détail, de la ressemblance, que de la vision d’ensemble. Les reflets et les transparences, la lumière et les ombres, l’air qui circule librement, importent dorénavant le plus. 

Aussi, la composition de ce retour de chasse va à l’essentiel. L’horizontale de la table est brisée par le corps inanimé d’un lapin qui en déborde. Selon une pratique chère à Chardin, la tête de l’animal, avec ses longues oreilles, est le point d’orgue du tableau et rappelle le beau texte de son protecteur indéfectible, Charles Nicolas Cochin, qui assure qu’il trouva sa voie en peignant un lapin. 

Les couleurs se limitent à des nuances de brun et de gris. Seuls le bleu de la lanière de la poire à poudre et le jaune du cuir de la gibecière rehaussent cette harmonie. Témoins muets d’un art de vivre, ces accessoires sont répétés à l’envi par l’artiste depuis le début de sa carrière. Jusqu’en 1771, date à laquelle il renonce à la peinture à l’huile pour se consacrer au portrait au pastel, les objets occuperont une place éminente dans son oeuvre, des plus modestes aux plus précieux. Ne cachant pas sa dette envers ses prédécesseurs, plus élégants, plus virtuoses, Chardin se singularise néanmoins par sa pudeur devant la mort, la tache de sang sur la pierre étant suggérée plus qu’indiquée. Cette dignité, non dénuée de tendresse, le distingue d’entre tous les peintres animaliers.

J.-L.L.