Musée de l’Hôtel de Berny
L'Hôtel de Berny est fermé pour travaux.
Un héritage d’Ancien Régime : l’hôtel des Trésoriers de France
L’hôtel en brique et pierre connu aujourd’hui sous le nom d’hôtel de Berny a été élevé durant les années 1633 et 1634. Sa destination première était d’offrir un bureau aux Trésoriers de France de la généralité de Picardie, officiers responsables des finances royales sous l’Ancien Régime. Par son style et les matériaux mis en œuvre pour sa construction, cet édifice est caractéristique de l’architecture du premier tiers du xviie siècle. La disposition intérieure originelle de l’hôtel, maintes fois transformée ensuite au cours des XIXe et XXe siècles, ne nous est pas connue. En 1790, la Révolution fait disparaître l’institution des Trésoriers de France et, l’année d’après, l’hôtel est vendu aux enchères comme bien national. Durant la première moitié du XIXe siècle, il connaît plusieurs usages et divers occupants.
Aménagements et décors
En 1856, François de Maillart, marquis de Landreville, achète la propriété. Il y fait de nombreux travaux de rénovation et d’aménagement et confie notamment la réalisation des décors intérieurs et des sculptures de la façade aux frères Duthoit. Une partie de ces décors subsiste aujourd’hui. Pour autant, le marquis ne conserve la propriété de l’hôtel qu’une dizaine d’année et, en 1866, Charles de Berny l’acquiert. C’est de cette dernière famille de propriétaires privés que l’hôtel porte aujourd’hui le nom. En 1884, Gérard de Berny et son frère Pierre héritent de l’hôtel. En 1930 enfin, Gérard en devient le seul propriétaire. Il décide alors de poursuivre les aménagements de la parcelle : en 1934-1935, il fait construire le Pavillon du Zodiaque, dans le jardin, pour accueillir les boiseries du château de Long acquises quelques années plus tôt ; endommagée par une torpille durant la Grande Guerre, l’annexe flanquant l’hôtel à droite est reconstruite en 1936 pour lui servir d’habitation.
Collections et musée
Gérard de Berny est aussi collectionneur et bibliophile. Il rassemble des objets d’art (mobilier, céramique, argenterie, tapisseries) et une très riche bibliothèque. Membre de la Société des Antiquaires de Picardie, il est passionné par l’histoire et l’art de sa région. Dès les années 1930, il songe à faire de son hôtel un musée d’art local, à l’image du musée Carnavalet à Paris. La réquisition de l’hôtel par l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale conduit au pillage et à la dispersion de cette collection. Après la guerre, Gérard de Berny s’efforce de la reconstituer. Sans héritier direct, Berny décide de léguer sa demeure amiénoise à la Ville. À sa mort en 1957, la municipalité devient donc propriétaire de l’hôtel et des autres bâtiments construits sur la parcelle ainsi que d’une sélection des objets constituant la collection de Gérard de Berny. Plusieurs années de travaux d’aménagement sont encore nécessaires pour pouvoir ouvrir ce lieu au public et c’est en 1966 qu’est enfin inauguré le Musée d’art local et d’histoire régionale de l’Hôtel de Berny.
Les jardins
De manière traditionnelle, l’hôtel de Berny est compris entre une cour et un jardin conçu par son dernier habitant. Ce lieu se compose de quatre entités : le jardin japonais, le jardin à la française – qui se développe sur la plus grande partie de la parcelle –, le jardin romantique en manière de cloître et le jardin mauresque. Cette juxtaposition de petits espaces très différents est alors très en vogue et permet de ménager des ambiances variées au sein d’un espace réduit.
Pour caractériser ces différents jardins, des essences végétales voisinent avec des éléments sculptés : sur la terrasse haute, par exemple, un bassin constitue le centre du jardin à la française composé de parterres de gazon délimités par des boules de buis aux angles ; des allées – aujourd’hui recouvertes de végétation – y offrent la possibilité d’une promenade. Dans l’angle Sud-Est, c’est un cloître gothique tapissé de lierre qu’aménage Gérard de Berny ; une fontaine du xviiie siècle y est placée en 1957. Cette même année disparaît le propriétaire de l’hôtel, laissant un œuvre inachevé.
L’eau occupait une place capitale dans ce jardin, la plupart des espaces accueillant une fontaine ou un bassin. Des sculptures de pierre ou de métal ainsi que des vases monumentaux, des lanternes et un grand treillage complètent la composition paysagère.
Les espaces paraissent aujourd’hui difficiles à différencier, faute d’un entretien quotidien du jardin. Pour rendre tout son lustre à cet espace unique au cœur de la ville, il faudrait procéder à la taille des arbres ou à leur remplacement par des spécimens plus jeunes, à l’entretien des allées, à la remise en état du circuit d’eau. De tels travaux ne sont pas à l’ordre du jour, mais le site continue de faire l’objet d’une attention constante de la part de la collectivité et de l’équipe des musées, à la fois en termes de surveillance, d’entretien général et de recherches historiques.
De longs travaux
Le musée ferme pour des questions de sécurité en 2006. Les collections sont déménagées et d’importants travaux sont entrepris en 2008-2009, portant sur le clos et le couvert de l’hôtel. Le travail sur les collections s’est poursuivi depuis lors, un programme de réaménagement est à l’étude. Une nouvelle campagne de travaux devrait débuter en 2018. Il s’agira cette fois-ci de refaire le clos et le couvert de deux des maisons attenantes et du Pavillon du Zodiaque, situées elles aussi dans le périmètre inscrit au titre des Monuments historiques. Ces travaux de sauvegarde sont aujourd’hui indispensables. Il n’est pour le moment pas question de rouvrir le site, la collectivité étant engagée dans d’autres projets ambitieux et coûteux, en particulier le chantier de rénovation et d’extension du Musée de Picardie.