Votre navigateur est obsolète!

Mettez à jour votre navigateur pour afficher correctement ce site Web. Mettre à jour maintenant

×

Conférence de Hugo Massire*, organisée le lundi 12 septembre 2022 à 18h15 par les Archives municipales et communautaires d'Amiens à l'espace Dewailly, amphithéâtre Jean Cavaillès

La Tour Perret en cours de construction © Archives municipales et communautaires d'Amiens, 15Fi700
Vue de la Tour Perret en construction depuis la rue Jules Barni, don de Lucie Tarlette

29.08.2022

 Dramatiquement meurtrie par l’offensive allemande de mai 1940, la ville d’Amiens lance, à l’automne de la même année, un concours réservé aux architectes picards pour l’établissement de son plan de reconstruction. Le jeune Pierre Dufau, Prix de Rome, en est lauréat. Désirant doter la ville d’ensembles architecturaux à la mesure du statut de capitale régionale revendiqué par Amiens, il prévoit un ensemble de places ordonnancées : au classicisme alors recherché pour la place des halles doit répondre, face à la gare, une composition plus moderne, symbole optimiste du relèvement de la cité picarde. Auguste Perret en est le concepteur désigné dès 1942 : chef de file de l’emploi du béton armé, il est alors l’architecte vivant le plus célèbre de France. Présente dès les premières esquisses, la tour de la place Alphonse-Fiquet ne vient pas remplacer un édifice détruit, et ne se voit même attribuer aucun programme précis : signal d’une composition architecturale monumentale, ce geste ne doit exister que pour lui-même. Ce caractère extraordinaire perdure encore à la mise en chantier de la tour, en 1949, puisque son usage même – bureaux ou logements – n’est pas encore fixé. D’un sujet de fierté pour les Amiénois, le building devient un motif d’inquiétude puis de dérision, la coûteuse carcasse de béton étant laissée inachevée en 1952, avant d’être, sept ans plus tard, rachetée par un architecte-promoteur. Emblème de l’histoire de l’architecture contemporaine, la tour Perret révèle aussi et surtout l’étonnante complexité des jeux d’acteurs de la Reconstruction consécutive à la Seconde Guerre mondiale.

 

*Docteur en histoire de l'art de l'université de Tours, Hugo Massire est maître de conférences associé à l'école nationale supérieure d'architecture de Bretagne à Rennes. Il a consacré en 2017 sa thèse de doctorat à l'architecte-urbaniste Pierre Dufau (1908-1985), auteur du plan de reconstruction de la ville d'Amiens avant d'en devenir architecte en chef adjoint. Premier Second Grand Prix de Rome en 1938, Dufau a compté parmi les architectes les plus prolifiques de la France des Trente Glorieuses. On citera, parmi ses réalisations, la cité scolaire d'Amiens (1953), le palais présidentiel d'Abidjan (1961) ou encore l'hôtel de ville de Créteil (1974).

Flyer de la conférence