Les ruines de guerres encore visibles d’Amiens : la salle Saint-Jean de l’ancien Hôtel-Dieu et le cloître des Sœurs Grises

Amiens est une ville carrefour qui a été régulièrement touchée par les phénomènes guerriers au cours de son histoire. Au XXème siècle, les guerres industrielles occasionnent des dégâts importants sur les villes, même lorsqu’elles sont situées à l’arrière du front.
Ainsi, durant la Seconde Guerre mondiale, Amiens est touchée de plein fouet par les bombardements et les incendies qui en résultent. Une grande partie de la ville est dévastée ou endommagée dès 1940 et les ruines de guerre deviennent le cadre de vie des habitants pour de longues années. Malgré la seconde reconstruction et les grands travaux d’urbanisme, deux ruines sont restées en l’état dans le paysage amiénois actuel : la salle Saint-Jean de l’ancien Hôtel-Dieu et le cloître des Sœurs Grises. Protégées en tant que ruines par une inscription à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, elles sont destinées à rester sur place et à être entretenues comme patrimoine local et national. Les ruines de guerre ont une histoire particulière quand elles ne sont pas reconstruites à l’issue du conflit. Elles cristallisent des enjeux politiques et mémoriels et posent la question de leur utilisation ou de leur interprétation à la suite du conflit. Les ruines amiénoises n’échappent pas à la règle, car de nombreux projets ont été évoqués les concernant. Des lettres sont également adressées à la municipalité entre 1945 et nos jours pour proposer des utilisations utiles aux amiénois.
Cette conférence propose donc de retracer l’histoire des ruines de la salle Saint-Jean de l’ancien Hôtel-Dieu et le cloître des Sœurs Grises depuis leur création, afin de saisir les enjeux dont elles font l’objet : réappropriation de la mémoire ou du tracé urbain, intégration de ruines anciennes à de nouveaux projets ou oubli relatif.

La conférencière : 

Mathilde Greuet est doctorante au laboratoire IRHiS de Lille, sous la direction de Stéphane Michonneau et Philippe Nivet. Elle étudie le devenir des ruines de guerres dans les Hauts-de-France de 1921 à nos jours en s’intéressant principalement aux enjeux touristiques et mémoriels et aux réappropriations des ruines par les populations locales. Elle participe aux recherches et actions du projet ANR Ruines dirigé par Stéphane Michonneau.