La polychromie de la Cathédrale

Edifiée en seulement une soixantaine d’années, de 1220 à 1288, il s’agit de la plus grande cathédrale gothique de France mesurant 145m de long, avec 42m de hauteur sous voûte. Cette prouesse architecturale reconnue lui vaut l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1981.

Par sa statuaire remarquable, l’écrivain britannique du XIXe siècle John Ruskin la considère comme une véritable « bible de pierre ». La statuaire de la façade occidentale, richement décorée, servait en effet à instruire le peuple majoritairement analphabète.

Le temps a pourtant altéré l’édifice. La Révolution engendre la fonte de la quasi-totalité du trésor mais épargne l’essentiel du mobilier et de la statuaire. Plusieurs chantiers de restauration sont entrepris notamment au XIXe face à l’état de dégradation du monument ; citons notamment les frères Duthoit qui ont travaillé sur les sculptures de la façade occidentale ou encore le célèbre Viollet-le-Duc. Au XXe siècle, plusieurs campagnes de restauration se succèdent : d’abord la flèche et les chapelles rayonnantes dans les années 70, la façade occidentale dans les années 90, les tours, le portail sud et le reste des façades dans les années 2000.

La restauration de la pierre a dû être adaptée. Exit donc le nettoyage traditionnel par projection d’eau et de sable pour une technique plus moderne et moins brutale : un nettoyage au laser. Dans les années 90 c’est cette technique qui a permis de révéler l’existence de polychromie notamment sur le portail de la Mère-Dieu, attestant par conséquent de la colorisation des cathédrales. Cette découverte exceptionnelle nous a conduit à repenser nos méthodes de restauration et a même ouvert des débats internationaux entre ceux qui souhaitent conserver l’état actuel des polychromies et ceux qui souhaitent restituer à l’identique.

C’est dans ce contexte que s’inscrit notre Trésor d’archives. Il s’agit d’une photographie faisant état des vestiges de la polychromie du XIIIe siècle lors du chantier de restauration de la façade occidentale. Ainsi apparaissent des couleurs vives et des contrastes surprenants tels que l’intensité du regard, la carnation du visage, le blond vénitien de la chevelure par opposition au drapé bleu. Néanmoins, si ces découvertes sont rendues possibles par ce type de restauration, celle-ci reste onéreuse. Les méthodes de restauration sont d’ailleurs multiples et ne garantissent pas la préservation des pigments pour les siècles futurs. Cet état de fait étant similaire à de nombreux édifices religieux, la photographie d’archives revêt alors un caractère historique et scientifique majeur : elle est le témoignage des vestiges du passé et fige le temps lors d’un instant précis. Elle témoigne autant de ce qui a été, que de ce qui est devenu, avant de disparaitre pour toujours.

Ainsi, et notamment dans le cas des édifices qui ne sont pas forcément restaurés à temps, la photographie d'archives permet de conserver ces connaissances. Le fruit de ce savoir peut ainsi se transmettre aux générations futures, à l’image de Chroma qui redonne aux statues leurs polychromies médiévales le temps d’un spectacle nocturne.

Le document :

Cote archives : 34Fi2020

Technique : Photographie

Format : 15 x 10 cm

Auteur : Amiens Ville d’art et d’histoire, photographe Xavier Bailly, sd, entrée dans les fonds 2021

Conditions de conservation : sous pochette mylar en magasin d’archives.

Description : Photographie d’un ange, détail du tympan du portail du Beau-Dieu, façade occidentale de la Cathédrale d’Amiens

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