Le Picardy, ancien cinéma amiénois
Ce mois-ci se déroule la 42e édition du FIFAM, le Festival International du Film d’Amiens. Pour ce rdv du 7e art, c’est tout naturellement que notre Trésor d’Archives de novembre rend honneur au cinéma et plus particulièrement au Picardy, autrefois cinéma incontournable d’Amiens.
31.10.2022
Si les frères Lumière déposent le brevet du Cinématographe en 1895 tout en organisant leur première représentation publique à Paris, le cinéma est avant tout itinérant et forain. Il faut attendre le début du XXe siècle et des pionniers tels que Charles Pathé ou Léon Gaumont pour créer des salles de cinémas fixes. En créant leurs propres studios, ils lancent ainsi la production de masse.
Bien avant la création du Gaumont que nous connaissons tous situé Boulevard de Belfort depuis 2005, la ville d’Amiens regorge de cinémas. Pour n’en citer que quelques-uns et parmi les plus populaires : Le Rex rue Frédéric Petit, Le Renaissance rue du Faubourg de Hem, Le Régent rue de Noyon, Le Marivaux et Le Paris situés rue des Trois Cailloux, ou encore Le Picardy rue Ernest-Cauvin. Ce dernier compte parmi les plus anciens puisque les travaux débutent dès 1935. Il n’ouvre ses portes que le 10 décembre 1942. A titre comparatif, Le Paris l’un de ses principaux concurrents à la fin du XXe siècle, n’ouvre quant à lui qu’en 1968.
Le contexte de création du Picardy est critique, Amiens souffre en effet des deux guerres mondiales. Dans l’entre-deux-guerres, pour aider à la reconstruction des quartiers, Louis Duthoit propose un plan d’embellissement du centre-ville. Les finances étant insuffisantes, seule la percée de la rue Ernest Cauvin est réalisée. L’idée est résolument moderne pour l’époque : aérer le tissu urbain et moderniser les façades dans la mouvance de l’Art déco, telle que celle du cinéma Le Picardy. La reconstruction du centre ne s’achève que dans les années 1930. Les bombardements de mai 1940 et le grand incendie qui en découle ravagent le centre-ville à plus de 60%. Au début des années 1940, la priorité est donnée aux travaux de déblaiement et aux constructions provisoires. A l’époque, Amiens est une ville occupée par l’ennemi. L’année 1942, année d’ouverture du Picardy, est d’ailleurs marquée par l‘attentat du Royal, restaurant de la rue des Trois Cailloux transformé en Foyer du Soldat allemand. Ce contexte instable ainsi que les problèmes de financements expliquent l’ouverture tardive du cinéma.
Bien qu’à l’époque les cinémas ne fonctionnent que les weekends, le Picardy possède une particularité notable : une cage de scène, qui lui permet d’accueillir tournées et spectacles locaux. En plus des projections cinématographiques, la salle de 1500 places sert ainsi au théâtre et au music-hall. Lors de l’ouverture, le premier film projeté Le Voile bleu de Jean Stelli est l’un des plus grands succès cinématographiques de l’Occupation.
Notre Trésor d’archives de ce mois est une photographie de 1995 de la bâtisse située au numéro 10 rue Ernest-Cauvin. Avec des lignes architecturales géométriques, les architectes Dubreuil et Herdhebaut affichent clairement l’influence Art déco, alors très en vogue durant cette période. Le Picardy devient Picardy-Gaumont à la fin du XXe siècle puis ferme définitivement en 2005 pour être remplacé par le multiplexe situé Boulevard de Belfort. Même si plusieurs boutiques lui succèdent, l’architecture préservée de la façade reste encore visible de nos jours. Cette photographie d’archives issue du fonds Duvanel est un témoignage historique d’un temps révolu et pourtant pas si éloigné, méconnu des nouvelles générations.
Le document :
Cote archives : 11Z1460
Technique : photographie
Auteur : Fonds Duvanel, 1995, entrée dans les fonds 2016
Conditions de conservation : sous pochette mylar en magasin d’archives.
Description : Photographie de la façade Art déco du cinéma Le Picardy
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