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Avis aux habitants et voyageurs de passages, ouvrez l’œil, vous apercevrez peut-être les armoiries de la ville d’Amiens sur différents édifices emblématiques de notre cité. Vous l’aurez compris, notre Trésor d’archives de ce mois est dédié à l’emblème de notre ville mais pour en saisir le sens, il faut d’abord comprendre le contexte historique. Celui-ci éclaire les évolutions du blason sous les règnes successifs des rois de France et les bouleversements politiques à partir de la Révolution.

Focus par les Archives municipales et communautaires d'Amiens.

Armoiries de la Ville d’Amiens sur le sol de l’entrée de l’Hôtel de Ville © Archives municipales et communautaires d'Amiens_34Fi023
Mosaïque figurant les armoiries de la Ville d’Amiens sur le sol de l’entrée de l’Hôtel de Ville

29.07.2022

La signification première des armoiries de la Ville est liée à un grand moment de l’histoire amiénoise : l’institution de la Commune en 1113. Il s’agit à l’origine d’un mouvement de contestation de l’évêché et des bourgeois contre la domination du comte d’Amiens : Enguerrand de Boves et son fils Thomas de Marles, seigneur de Coucy. Face à la résistance de ces derniers, le mouvement reçoit le soutien du roi de France, Louis VI Le Gros, qui noue alliance avec l’évêque Geoffroy et assiège la ville en 1115.
En 1117, le Castillon (forteresse et lieu de résidence du comte) est détruit. La commune décide d’y construire à la place un beffroi, symbole du pouvoir civil avec l’échevinage et à sa tête un maire élu par les bourgeois.

En 1185, le roi Philippe Auguste affranchit officiellement les Amiénois de la domination des comtes et affirme le rattachement de la ville au domaine royal. Il donne alors pour symbole d’échevinage à la ville un « écu de gueules plain, au chef d’azur, semé de fleurs de lis d’or ». Comprenons par « écu » la forme du blason, « gueules plain » la couleur rouge sur la partie basse et « chef d’azur » le fond bleu sur la partie haute, surmonté de fleurs de lys. A l’origine, le blason serait seulement constitué de « gueules plain » puis, le champ de l’écu (partie basse) chargé de branches d’argent d’alisier.

Sous le règne de Louis XI, l’alisier est interprété comme de l’osier, servant à lier et symbolisant ainsi la loyauté de la ville à la couronne de France. En témoigne la devise latine du souverain lorsqu’il reprend la ville au Duc de Bourgogne Liliis tenaci vimine jungor « je suis attaché au lys par un lien solide ». L’écu est timbré de la couronne murale à cinq tours crénelées (sorte de château avec 5 donjons ayant la forme d’une couronne). Sous Henri III l’osier est remplacé par le lierre mais la symbolique reste la même, signifiant ainsi l’attachement et l’union constante de la ville à la couronne.

La couleur bleue est certes celle des rois de France mais elle n’est pas sans rappeler le lien avec la guède, ou waide en picard, qui est une plante tinctoriale donnant au tissu une couleur bleue. Amiens, ville du textile, est au XIIIe siècle « le pays de l’or bleu ».

Il faut attendre le XVIIe siècle pour voir apparaître l’animal fantastique sur les armoiries de la Ville. Assez rare jusqu’à présent dans le bestiaire héraldique, la licorne est alors très en vogue à l’époque depuis l’engouement suscité par la tapisserie de la Dame à la Licorne au début du XVIe siècle. L’écu surmonté de la couronne à cinq tours est désormais supporté par deux licornes d’argent, symbole de pureté et de vertu chevaleresque.

Pendant la Révolution, et avec l’abolition de la Monarchie, les armoiries sont supprimées. Elles seront restaurées sous l’Empire mais, pour marquer une rupture avec la royauté, les lys sont remplacés par trois abeilles flanquées sur fond rouge et non plus bleu. L’abeille symbolise l’immortalité et la résurrection mais elle rappelle également le système d’organisation de la ruche autour d’un seul chef. Le lierre, quant à lui, demeure inchangé.

Cet attachement de la Ville d’Amiens à ses armoiries d’origine se perpétue encore de nos jours puisque elle a conservé cette symbolique héraldique dans son logo actuel. Le blason emblématique est d’ailleurs visible sur de nombreux édifices amiénois tels que l’Hôtel de Ville, le cirque Jules Verne, le Musée de Picardie, la gare Saint-Roch, l’ancien théâtre rue des Trois Cailloux, le portail du Parc de la Hotoie, la Marie sans chemise et bien d’autres encore si vous y prêtez attention… Il en est de même pour les références à la licorne avec le nom attribué au stade d’Amiens, l’écusson de l’équipe de football amiénoise, ou encore le logo du Festival International du Film d’Amiens.

Le document :

Cote archives : 34Fi23

Technique : photographie

Auteur : Ville d’Amiens, 2003, entrée dans les fonds 2021

Conditions de conservation : sous pochette mylar dans un classeur de conservation et en magasin d’archives.

Description : Mosaïque figurant les armoiries de la Ville d’Amiens sur le sol de l’entrée de l’Hôtel de Ville

 

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