Les factures illustrées du début du XXe siècle
Pour ce premier Trésor d’archives de l’année des Archives municipales et communautaires, focus sur un document souvent sous-estimé : la facture !
30.12.2021
Le début de l’année est souvent synonyme de tri de nos papiers personnels qui s’accumulent dans nos maisons. Les factures sont souvent les premières à passer au pilon (terme d’archiviste synonyme d’élimination) après 10 ans. Aux Archives municipales et communautaires, nous en conservons plusieurs dizaines de mètres linéaires, pour la plupart éliminées après les délais légaux de conservation. Cependant, nous gardons quelques échantillons car ces pièces de dépenses sont une mine d’informations pour les chercheurs en histoire économique ou sociale puisqu’elles renseignent sur les modes de consommation. Mais pas que…
Les factures, également appelées lettres de dû, mémoires ou papiers à en-tête, se généralisent au XIXe siècle. Le paiement se faisant rarement le jour même de l’achat pour les notables ou les « grands comptes » (comme la mairie d’Amiens), le commerçant récapitulait à la fin du mois l’ensemble des achats de son client, qui réglait à réception de la facture la totalité de son dû. Le commerçant devait donc faire figurer sur le haut du papier le nom de sa boutique et son adresse.
Avec l’essor de l’imprimerie et la multiplication des échanges (grâce notamment au développement des voies ferrées) les commerçants, artisans et entreprises utilisaient leur facturation comme « vitrine » de leurs services. Au début du XXe siècle les papiers à en-tête richement illustrés se multiplient, détaillant avec élégance les articles vendus ou les ateliers de fabrication implantés dans la ville. Les gravures embellissaient d’ailleurs souvent la réalité.
Grâce à ces illustrations, on peut donc avoir une idée plus précise de ce à quoi ressemblaient les rues et les quartiers d’Amiens, à une époque où la photographie était encore exceptionnelle. La Seconde guerre mondiale, avec les pénuries qu’elle a engendrées, marque souvent la fin de ces décorations. Les factures deviennent plus sobres et vont à l’essentiel, et les belles gravures sont remplacées par des logos qui se généralisent et sont repris dans les encarts publicitaires qui se multiplient.
Afin de vous faire découvrir ses trésors méconnus conservés dans nos fonds, vous pourrez découvrir toutes les semaines de l’année 2022 une facture illustrée sur notre page Facebook
Notre Trésor d’Archives du mois est l’en-tête d’une facture du 16 mai 1919 des établissements Léon Mulliez & Compagnie, « manufacture de chaussures et de galoches » située 7 rue Jules Lardière à Amiens. Sur la gravure on peut voir l’église Saint-Rémy d’Amiens, dite « des Polonais », non loin, et en arrière-plan la Cathédrale Notre-Dame d’Amiens. Il est indiqué que les ateliers se trouvaient au sein des prisons de la ville, la main d’œuvre étant fournie par les prisonniers. La maison Mulliez succède à la maison Prévost – Blondel et Lévèque (le prédécesseur était souvent indiqué afin de garder la clientèle)
Le document :
Cote archives : 1L3/366
Technique : impression noir & blanc sur papier
Conditions de conservation : conservé à plat dans une boite en celloderme de type « cauchard ».
Description : facture avec en-tête illustrée de la manufacture de chaussures et de galoches Léon Mulliez et Compagnie, 16 mai 1919.
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