Saint-Acheul, un quartier à la renommée internationale
Le 31 juillet 1895, le Conseil municipal d’Amiens se réunissait lors d’une séance afin de gérer les affaires de la cité picarde. L’un des points évoqués ce jour concernait la dénomination de « la route qui fait suite à la rue Jules Barni en allant vers Longueau » en « chaussée Périgord » (actuelle chaussée Jules Ferry). Pour ce « Trésor d’Archives » du mois d’août, les Archives municipales et communautaires d’Amiens vous proposent de (re)découvrir un pan de l’histoire du quartier Saint-Acheul.
31.07.2020
Au XIXe siècle, le faubourg Saint-Acheul constitue un lieu d’exploitation de gravières. En 1853, l’archéologue et historien Adolphe Dutilleux (1829-1916) y découvre des silex taillés préhistoriques, étudiés l’année suivante par un autre scientifique, le docteur Marcel-Jérôme Rigollot (1786-1854). Quelques années plus tard, en 1859, c’est au tour du paléontologue Albert Gaudry (1827-1908) de s’intéresser à Saint-Acheul en organisant la première fouille scientifique dans une carrière se trouvant près du cimetière Saint-Acheul. Les travaux d’Albert Gaudry sur le site archéologique de Saint-Acheul sont capitaux : ils contribuent à la naissance d’une nouvelle discipline, la préhistoire.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le site préhistorique de Saint-Acheul attire de nombreux scientifiques dont des grands spécialistes de la préhistoire. Gabriel de Mortillet (1821-1898), préhistorien et archéologue, se penche lui aussi sur ces découvertes en décrivant les silex trouvés à Saint-Acheul. En 1872, il établit une chronologie de la Préhistoire en plusieurs périodes basées sur les outils façonnés par l’homme. Il propose notamment le terme d’«Acheuléen » du nom de Saint-Acheul pour nommer cette civilisation de la Préhistoire caractérisée par l’invention du biface, outil en silex taillé sur deux faces. Des recherches sur le site de Saint-Acheul se poursuivent au début du XXe siècle avec le préhistorien et géologue Victor Commont (1866-1918), dont les études géologiques ont fortement marqué la période de la Préhistoire. En 1998, en raison de la portée scientifique de ce site préhistorique, un jardin archéologique d’une superficie de 1,8 hectare avec un parcours pédagogique et une tour d’observation de 19 mètres ouvre ses portes au public.
Si le passé préhistorique de Saint-Acheul a fait sa renommée, le quartier, de par ses limites géographiques, comprend d’autres lieux et édifices emblématiques de la ville d’Amiens. S’étendant sur une partie du quartier, les Hortillonnages offrent à ce secteur un havre de paix. Saint-Acheul est aussi le quartier de l’église Saint-Acheul, ancien monastère érigé en abbaye au XIIe siècle, mais aussi du cimetière Saint-Acheul ancien datant de 1863 et prolongé par une nécropole nationale construite au cours de la Première Guerre mondiale. Plusieurs établissements scolaires y sont également implantés, à l’instar de l’ancienne école normale d’instituteurs (actuel lycée Robert de Luzarches) édifiée par l’architecte Emile Ricquier (1846-1906) et achevée en 1889.
Au sein de ce quartier, un « îlot anglais » dénote dans le paysage urbain amiénois. Autrefois dénommé quartier de l’Europe, le « quartier anglais » de Saint-Acheul a été créé à la fin du XIXe siècle par un industriel anglais, Walter Mason Lange, afin d’y loger son personnel. Ont alors été bâties des demeures à l’architecture caractéristique des maisons britanniques comportant des bow window (fenêtres en baies) supportant des petits balcons, ou encore des jardinets situés sur le devant des habitations.
Notre Trésor d’Archives est une carte postale datant de 1922 (date au verso), représentant une vue de la chaussée Périgord, au sein du quartier Saint-Acheul à Amiens. Prolongeant la rue Jules Barni jusqu’à l’entrée de la commune de Longueau, elle est aujourd’hui dénommée chaussée « Jules Ferry ». Route pavée, larges trottoirs et maisons dites « amiénoises » constituent le décor de ce document. Quelques Amiénois se baladent sur la chaussée qui semble inanimée. Autrefois dénommée « chaussée Périgord » en l’honneur du comte Charles Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838) qui fut ministre français des Relations extérieures de 1797 à 1807, elle devient chaussée « Jules Ferry » après l’adoption d’une délibération par le Conseil municipal d’Amiens en date du 29 juillet 1931.
Le document :
Cote archives : 10Z3592 (don Duvanel)
Technique : imprimé
Conditions de conservation : carte postale numérique conservée sur serveur informatique (don numérique).
Description : Vue de la chaussée Périgord (actuelle chaussée Jules Ferry) au sein du quartier Saint-Acheul, à Amiens.
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