MATHIEU FARCY

En picard, Leu ça veut dire Loup. Le quartier Saint Loup. C’est dans le centre d’Amiens, mais ça semble pas, c’est un village, un endroit à part entière, un quartier à la fois dur et touristique, abîmé et vivant. Le loup, c’est l’animal du conte, qui fascine et qui inquiète, présence invisible et puissante. C’est aussi le masque de carnaval derrière lequel on peut se changer. C’est par ces loups là que l’on a travaillé avec les habitant.e.s du quartier : quel conte est-ce que l’on peut imaginer ensemble, en dessous des mots, dans votre vie, dans votre corps ? Quels loups habitent les petites histoires qui vous accompagnent chaque jour, quelles fleurs vous entourent ?

Le projet se nomme Saints Loups, il tient à l’origine du nom du quartier (Leu : le loup) au loup comme moyen de se masquer et au fait que l’on peut, grâce à la photographie, se tenir sur la frontière entre soi et un personnage. C’est un projet qui reliera l’histoire textile du quartier, le conte, la fiction comme augmentation de la puissance de s'imaginer et le besoin de lien social à travers un travail d’art en commun et de distribution publique d’un journal. Je compte créer des images mises en scène avec une ou plusieurs personnes habitant le quartier. Des images, comme issues d’un conte avant son écriture, comme précédant la pensée. Toutes ces images réunies dans un journal seront les traces d’un conte en pointillés, que les lecteur.ice.s du journal pourront s’imaginer. Je me chargerai de distribuer le journal dans les rues de St-Leu. Certaines des photographies seront montrées. 

Mathieu Farcy, juin 2021