Amiens au pays de l’étrange
L’Amiénois Usé et sa ville s’affichent dans Tout fout le camp, de Sébastien Betbeder, en salles ce 14 septembre.
14.09.2022
JDA 1021
Seuls ceux du cru s’en rendront compte. Dans Tout fout le camp, un panneau d’entrée de ville d’Amiens est planté au pied du tunnel sous le boulevard Beauvillé. En vrai, il n’y en a pas. Et pour cause : si le film parle d’un journaliste du Courrier Picard et que Nicolas Belvalette (alias Usé, qui signe aussi la musique) y joue son propre rôle d’ex-candidat fantaisiste aux municipales, ce qu’il fut en 2014, il ne s’agit pas d’un documentaire. Loin de là.
Un film libre
Tout fout le camp se veut « libre et hybride », confiait son réalisateur Sébastien Betbeder au lancement de sa tournée d’avant-premières le 24 août dans un Ciné St-Leu bondé et embué. Initialement intitulé Les Braves, le film reprend les bases du court-métrage Jusqu’à l’os (lire ici l’article du JDA #967). C’est une comédie tendre, une virée poético-punk, du non-sens mâtiné de métaphysique. Un Alice au pays des merveilles (d’où le tunnel) rempli de jaillissements dignes d’Evil Dead, de visions porcines singulières, de sonorités absurdes, de regards éperdus à la Bruno Dumont. Le tout dans une France quasi désertique.
Des artistes locaux
Ce choix artistique du vide fut facilité par la situation sanitaire lors du tournage, au printemps 2021, sur la côte picarde, en Normandie et à Amiens, « ville fascinante à filmer, très accueillante pour la caméra », selon Sébastien Betbeder. Ce dernier s’y est tissé tout un réseau, « une tribu » : outre Usé, qui a trouvé l’exercice de Jusqu’à l’os « très difficile » mais a rempilé par amitié (thème du film) et donné la réplique à la star invitée Jackie Berroyer, nombre d’artistes locaux défilent ainsi au générique de cette improbable échappée.
Jean-Christophe Fouquet