Philippine, quel phénomène !
Entre la sortie d’un sixième tome et la réédition de ses précédentes aventures, la jeune détective Philippine Lomar, ambassadrice BD d’Amiens, ne bulle pas.
11.05.2022
JDA 1013
Philippine Lomar, c’est une version ado, amiénoise, gouailleuse et déterminée de Philip Marlowe, le privé de Raymond Chandler. Cette héroïne de BD a failli ne pas l’être. Pensée par Dominique Zay pour un roman policier, elle fut débauchée par Pascal Mériaux, directeur d’On a marché sur la bulle et des éditions de la Gouttière. Avec au dessin Greg Blondin et Dawid à la mise en couleurs, elle mène l’enquête à Amiens depuis 2016. Et ça défile : Saint-Leu, La Hotoie, Cirque, Marie-sans-Chemise, Notre-Dame... Le sixième tome, qui sort ce 13 mai, débute à la tour Perret et s’achève à La Licorne – un choix de Greg Blondin, adepte du ballon rond. La Folle Affaire du saphir met en scène un voleur sympathique, « en hommage à Marius Jacob, un héros de ma jeunesse, anarchiste jugé à Amiens en 1905 qui a inspiré Maurice Leblanc », décrypte Dominique Zay.
Un coup de boost
Cet ancrage local a aidé la détective à trouver un public, que ce soit aux Rendez-vous de la BD de juin ou lors d’actions pédagogiques. Chaque album tiré à 5 000 exemplaires. Mais l’éditeur voit plus grand : « Cette série a une tonalité particulière, estime Florentine Lavacherie, qui suit Philippine depuis sa troisième aventure. Un texte ciselé, drôle, un découpage percutant et un dessin oscillant entre le franco-belge et le manga. Elle a tout pour aller encore plus loin ». C’est pourquoi les cinq premiers tomes ressortent ce mois-ci avec de nouvelles couvertures. Surprise : le mot “polar” a disparu du titre de la série, désormais baptisée Les Enquêtes de Philippine Lomar. « Polar, ça ne parlait pas aux jeunes, remarque Dominique Zay. Alors on l’a viré ! Mais les nouvelles couvertures, elles, sont résolument plus polar. » La force de l’image.
Trois tomes à venir
Après sept ans et six tomes, les créateurs de Philippine ont toujours la fibre : « C’est mon personnage jeunesse définitif, assure Dominique Zay. Je ne trouverai pas mieux. C’est un peu ma fille, elle a ma répartie, ma façon de dédramatiser. Je peux en parler des heures. Et grâce à elle, je fais beaucoup d’interventions pédagogiques ». Idem du côté de Greg Blondin : « Elle m’a fait démarrer dans la BD, je lui consacre trois ou quatre mois par an. Une BD, c’est un marathon, mais au moment de la sortie, les rencontres avec les lecteurs redonnent de l’énergie ». Trois autres tomes de Philippine sont déjà dans les tuyaux. Les gredins de tout poil n’ont qu’à bien se tenir.
Jean-Christophe Fouquet
© Jean-Christophe Fouquet