Le château des sires de Boves :
une aventure archéologique de la fortification en Europe (Xe-XVIe siècle)

« De Boves, on voit Amiens », c’est ainsi que le grand historien de la Picardie médiévale Robert Fossier (1927-2012) expliquait le rôle de cette puissante forteresse dans l’évolution de la cité picarde. De son édification, à la fin du IXe siècle, jusqu’à son abandon, sept siècles plus tard, cette résidence élitaire fortifiée a été le témoin et, parfois, une actrice directe de l’histoire politique, sociale et économique d’une région riche située au cœur des grands enjeux géostratégiques du Moyen Âge et du début de l’époque moderne.

Mais ce site ne vaut pas seulement pour son intérêt historique, c’est aussi une aventure archéologique commencée en 1996 et qui se poursuit toujours aujourd’hui. Si le château sur motte, fouillé pendant vingt ans, constitue une documentation matérielle inédite par son amplitude stratigraphique, la préservation de nombreuses structures légères ou encore l’abondance et la diversité de ses artefacts, la basse-cour éclaire, depuis plus d’une dizaine d’années, les riches et multiples dynamiques à l’œuvre entre les deux espaces, questionnant l’attractivité de ce pôle castral sur son territoire à la lumière des évolutions politiques, chose rendue possible par d’abondants travaux historiques et favorisée par la longévité, unique en Europe, de cette recherche pluridisciplinaire.

Alors que paraît ces jours-ci dans la Revue Archéologique de Picardie (N°38 spécial 2023) le quatrième opus monographique des fouilles du château de Boves (1996-2016), abordons l’avenir à travers les premières conclusions de l’occupation humaine au sein de la première enceinte, communément appelée « basse-cour » bien ancrée dans notre imaginaire d’enfant. Quant à l’archéologue, son ignorance sur la forme et la nature de cet habitat groupé et perché est grande ; laborieusement il défriche une terra incognita de 5 ha, un espace unique et préservé dont un léger voile est désormais levé à hauteur de 3 %.

Le conférencier : 

Co-créateur de l’ancien Service d’Archéologie Préventive de l’UPJV, Richard Jonvel est archéologue médiéviste, chef du Service d’Archéologie Préventive d’Amiens Métropole. Il est également rattaché au Centre Michel de Boüard  (CRAHAM  de l’Université Caen Normandie).

Il est spécialiste de l’étude des fortifications de terre en amiénois (Xe-XIIIe siècle). Il dirige actuellement la fouille programmée du château de Boves (Somme), ainsi que la fouille de l’habitat fortifié carolingien de Murat (Creuse).